La « grande et belle loi » du président Trump pourrait attiser la volatilité
Moody’s a abaissé la cote de crédit de la dette souveraine des États-Unis, qui est passée de Aaa à Aa1 après la clôture des marchés vendredi dernier, alimentant les craintes budgétaires. Pour justifier sa décision, l’agence a évoqué les déficits insoutenables et l’absence de volonté politique pour remédier à la situation. Moody’s est la dernière des trois principales agences de notation à abaisser la cote des États-Unis. En soi, cette décision n’aurait pas eu de grande conséquence, n’eût été la belle et grande loi du président Trump qui est venue exacerber les craintes. De fait, la loi prévoit de généreuses réductions d’impôt et une hausse des dépenses, ce qui devrait alourdir le déficit du pays de milliers de milliards de dollars au cours des dix prochaines années. L’effet se fait déjà sentir sur le marché obligataire, notamment sur les taux des obligations du Trésor à 10 ans et à 30 ans qui ont dépassé 4,5 % et 5 %, respectivement, des niveaux inégalés depuis 2007. L’augmentation des emprunts, conjuguée à la baisse de confiance des investisseurs, est susceptible de faire grimper les coûts de financement des États-Unis et attiser la volatilité des marchés à court terme.
Les résultats financiers communiqués par Target ont permis d’en apprendre plus sur les habitudes les plus récentes des consommateurs. Or, la société a présenté des résultats décevants, qu’elle attribue aux tarifs douaniers et à la détérioration de la confiance des consommateurs. Cela donne à penser que, même si les consommateurs continuent de dépenser, ils le font avec prudence. Les ventes anémiques dans l’ensemble témoignent des effets persistants de l’incertitude économique sur la confiance des consommateurs. Nous demeurons optimistes quant à la performance des marchés boursiers cette année, mais nous nous attendons à ce que la plupart des sociétés formulent des commentaires semblables et fassent état de conditions plus difficiles au deuxième trimestre.
Dans son récent rapport sur la stabilité financière, la Banque centrale européenne (BCE) a signalé qu’un changement fondamental de régime pourrait s’opérer sur les marchés financiers mondiaux. Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à remettre en doute la position dominante qu’occupent depuis longtemps les actifs américains, en particulier les titres du Trésor et le dollar. L’escalade des tensions commerciales, la croissance de la dette du pays et le dysfonctionnement politique à Washington sont autant de facteurs à l’origine de cette réévaluation. La BCE a prévenu que les États-Unis devraient redresser leur situation budgétaire pour demeurer le pilier du système financier mondial. La BCE n’est peut-être pas la mieux placée pour donner des leçons, mais il n’en demeure pas moins que son conseil d’accroître la diversification à l’échelle mondiale semble encore judicieux.
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