L’aversion aux pertes se définit comme la tendance à ressentir plus intensément les pertes que les gains, ce qui peut avoir une incidence sur votre façon d’investir pour la retraite.
Dans son livre Thinking, Fast and Slow, le lauréat du prix Nobel d’économie, Daniel Kahneman, explique les mécanismes mentaux à l’origine de nos décisions ainsi que les biais qui, bien souvent, viennent les orienter. L’un des biais les plus forts qui y est abordé est l’aversion aux pertes, un concept qui a d’importantes conséquences pour les investisseurs et les investisseuses.
Comprendre l’aversion aux pertes
L’aversion aux pertes se définit comme la tendance à ressentir les pertes deux fois plus intensément que des gains équivalents. La frustration à l’idée de perdre 100 $ au casino est sans doute beaucoup plus grande que la satisfaction de remporter le même montant. Ce biais, qui a fait l’objet de nombreuses études en économie comportementale, peut influencer les décisions de placement, parfois au point de compromettre la réussite financière à long terme.
Les marchés boursiers et l’aversion aux pertes
D’un point de vue historique, les marchés boursiers sont en territoire positif trois années sur quatre (ou 75 % du temps). Sur une base quotidienne, le marché est en hausse environ 55 % du temps, un résultat un peu plus favorable que celui d’une pièce tirée à pile ou face. Or, en raison de l’aversion aux pertes, nombre d’investisseurs et investisseuses ne le voient pas de cette façon.
Si près de la moitié des jours de bourse se traduisent par des pertes qui sont ressenties deux fois plus intensément que les gains, les placements peuvent sembler une bataille perdue d’avance. C’est pourquoi il est facile de penser que le marché est en baisse les deux tiers du temps, alors que les données pourraient nous donner beaucoup plus de raisons de nous réjouir.
Comment éviter l’aversion aux pertes
Comment est-il possible d’éviter cette distorsion psychologique? Pour y arriver, M. Kahneman propose une stratégie toute simple, mais néanmoins efficace : s’abstenir de vérifier nos placements si souvent. Voici comment :
« L’aversion aux pertes et le cadrage étroit peuvent être coûteux, mais il est possible de les éviter en vérifiant moins souvent le rendement de nos placements. Un suivi quotidien ne peut qu’entraîner des frustrations, car chaque petite perte est ressentie beaucoup plus intensément que les mêmes gains. Une fois par trimestre suffit. »
En d’autres mots, un suivi constant des placements alimente le stress et amplifie encore plus l’aversion aux pertes. Il peut alors être facile de se laisser emporter par ses émotions et de commettre l’une des pires erreurs en placement : acheter à prix fort et vendre à bas prix.
Observations sur le terrain
Les conseillers financiers et les conseillères financières sont témoins de ce phénomène tous les jours. Les clients et les clientes qui vérifient souvent leurs placements ont tendance à éprouver plus d’anxiété et à effectuer des changements précipités. En revanche, ceux et celles qui regardent moins souvent leurs portefeuilles ont tendance à s’en tirer beaucoup mieux, car ils accordent moins d’importance aux fluctuations à court terme qu’à la croissance à long terme.
Certes, il peut être difficile d’éviter ces biais qui sont si bien ancrés, mais la compréhension de l’aversion aux pertes est un bon point de départ. En s’abstenant de suivre les mouvements quotidiens du marché, il est possible d’améliorer sa santé financière et, sans doute, d’apprécier un peu plus son parcours.
Traduction d’un article d’Andrew Rosen publié par Forbes dont la diffusion a été autorisée par DiveMarketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, contactez legal@industrydive.com.