Les nouveaux accords commerciaux éclipsés par le retour des actions-mèmes
Les marchés mondiaux ont commencé la semaine en force, encouragés par un accord commercial entre les États-Unis et le Japon. Les droits de douane sur les importations japonaises, y compris les automobiles, ont été réduits à 15 %, ce qui procure un certain répit avant l’échéance du 1er août. En plus de surprendre les marchés, cette annonce a fait bondir les actions cycliques, notamment celles du secteur automobile. Toyota a enregistré une progression dans les deux chiffres, l’indice Topix (Tokyo Stock Price Index) a grimpé de 3,6 %, et l’indice européen Stoxx 600 a été soulevé par les espoirs qu’un accord avec l’UE est pour bientôt. Les actions américaines ont atteint de nouveaux sommets avec des records dans les indices S&P 500 et Nasdaq.
La course aux armements dans l’IA s’est poursuivie, Alphabet (la société mère de Google) ayant satisfait les investisseurs avec des bénéfices solides, une forte demande pour l’IA et une explosion des dépenses en immobilisations. La société prévoit en effet dépenser 10 G$ supplémentaires en infrastructures d’IA (pour un engagement total de 85 G$ US), ce qui a aussitôt profité aux Nvidia et Broadcom de ce monde. Malgré une certaine hésitation de l’action au départ, le message était on ne peut plus clair : le cycle de l’IA est bien engagé. Cette bonne nouvelle a suffi pour compenser la léthargie de Tesla, qui a subi sa pire baisse du chiffre d’affaires en dix ans. Les mises en garde d’Elon Musk et les retraits des subventions n’ont rien fait pour aider l’action, qui a reculé de 6 %. Le marché, par contre, a accueilli cette déconvenue avec un haussement d’épaules. Ce qu’il faut en retenir, c’est que le cycle des capitaux en IA demeure le principal moteur du marché et que pour l’instant, les gagnants en profitent, même si les fondamentaux se dégradent ailleurs.
Les actions-mèmes sont de retour, et elles arrivent encore plus nombreuses à la fête. Opendoor nous a rappelé la frénésie de 2021, avec une envolée de plus de 40 % sur une seule séance et des volumes énormes. Lundi, près de 10 % de toutes les opérations sur les bourses américaines concernaient cette seule action. Mais c’est le marché des options qui s’est véritablement enflammé : plus de deux millions d’options d’achat ont été échangées, un chiffre stupéfiant (les options d’achat sont des contrats par lesquels on échange une action moyennant un prix déterminé). Les investisseurs particuliers (et non les investisseurs institutionnels) se sont mis à acheter en masse des actions cotées en cents (actions de petites entreprises), dans l’espoir de profiter de fortes variations, comme à l’époque de GameStop, où des boursicoteurs se sont donné le mot pour gonfler la valeur de cette action. American Eagle a connu une envolée dans les deux chiffres, dans la foulée d’une campagne de marketing impliquant une célébrité, et une vingtaine d’actions valant moins de un dollar ont surpassé Nvidia sur le plan des volumes. Qu’il s’agisse d’une réelle tendance ou d’une simple lubie estivale, une chose est claire : l’appétit pour le risque des petits investisseurs ne se dément pas, et les situations à la GameStop sont susceptibles de se reproduire.
Cette semaine, les bénéfices, les surprenants déblocages commerciaux et les dépenses en immobilisations dans l’IA ont fait oublier l’agitation politique et l’effritement des données macroéconomiques. L’optimisme semble régner sur les marchés, d’autant plus que 40 % des entreprises du S&P 500 doivent encore annoncer leurs bénéfices. Et la manie des mèmes est simplement la cerise sur le gâteau.
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