La frénésie de l'IA s'est calmée, les mises à pied ont explosé et l’humeur des marchés en a pris un coup
Le retour de balancier que le segment de l’IA a connu cette semaine nous rappelle qu’il ne s’agit plus « d’investir dans n'importe quoi, pourvu qu’il y ait un modèle transformeur ». Le commentaire d'OpenAI sur le financement, qu’il s’agisse d’une aide financière du gouvernement ou du recours au crédit privé, est un appel à repousser les frontières de l’innovation. Les centres de données aspirent des quantités massives de capitaux et les investisseuses et investisseurs s’interrogent enfin sur le véritable coût de l’expansion raisonnée. De son côté, le chef de la direction de Nvidia, Jensen Huang, a déclaré que la Chine gagnerait la course de l'IA, puis s’est quelque peu rétracté sur X. Les coûts énergétiques, les subventions locales et la vitesse de la réglementation sont effectivement des facteurs importants. La Chine n’a peut-être pas l’afflux de talents dont bénéficient les États-Unis, mais elle a la volonté politique d’injecter des capitaux plus rapidement. Les marchés ont réagi en devenant plus sélectifs : on continue de miser avec enthousiasme sur l’intelligence artificielle, mais avec plus de discernement. Les titres de qualité supérieure ont toujours la cote, mais les entreprises de moins bonne qualité sont soudainement contraintes de justifier leur valeur.
Par ailleurs, la nouvelle la plus importante de la semaine a été l’ampleur des suppressions de postes. Les chiffres d’octobre ont atteint un seuil inégalé (pour un mois d’octobre) depuis 2003. La technologie et la logistique d'entreposage sont en train d’inverser la frénésie d’embauches post-pandémie. Et oui, l'IA est sur la liste des raisons mentionnées pour expliquer les réductions d'effectifs. Les intentions d'embauche ont atteint un creux inégalé depuis 2011. Pour la Réserve fédérale américaine, il s’agit du premier véritable point de contrainte en matière de politique monétaire : les prévisions d’embauches ont plus de poids que n’importe quelle donnée sur l'inflation, parce que les dépenses découlent des revenus, non de l’humeur des consommateurs.
Et le plus étrange, c’est que le consommateur continue de dépenser, mais pas dans les bars. Diageo, le géant des spiritueux, a revu à la baisse ses prévisions de chiffre d’affaires parce que la demande en boissons alcoolisées est faible. Après cette annonce, son titre a atteint un creux inégalé depuis 10 ans. Les jeunes boivent moins et les personnes d’âge mûr ont simplement réduit leur consommation. Il ne s’agit pas d’une panique liée à une éventuelle récession. Il s’agit d’un changement culturel, amorcé il y a plusieurs années, qui valorise les saines habitudes de consommation. Les produits de consommation de base dont on peut augmenter le prix sans faire baisser la demande ont tenu bon. Pas les spiritueux. C'est une catégorie difficile si les consommateurs achètent seulement pour les occasions spéciales.
La semaine prochaine, nous surveillerons les données sur l’inflation aux États-Unis, les résultats publiés par Disney et les données du secteur des technologies en Chine. Deux questions pourraient surgir à nouveau : à quel point la désinflation est-elle installée aux États-Unis? et : la nouvelle et énergique politique industrielle de la Chine se reflète-t-elle dans les chiffres des entreprises?
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