Même une paralysie budgétaire aux États-Unis n’aura pas réussi à ébranler le marché.
Le « Shutdown », soit la paralysie budgétaire aux États-Unis, n’a vraiment pas été le catalyseur du repli boursier qu’attendaient les opérateurs. La réaction négative du marché aura duré quelques heures à peine avant que la narrative habituelle ne reprenne le dessus : des données économiques faibles ont entraîné à la hausse les prévisions de baisse des taux, et les actions ont rebondi pour atteindre de nouveaux sommets. Cette fois-ci, le catalyseur a été la publication par ADP de données sur l’emploi particulièrement médiocres, indiquant une perte nette de 32 000 emplois, ce qui constitue la troisième donnée négative en quatre mois et la pire depuis le début de 2023. Le « Shutdown » ayant entraîné l’annulation du rapport officiel sur les emplois prévu pour vendredi, les investisseurs ont agi en conséquence.
La faiblesse des données sur l’emploi a fait bondir les prévisions de baisse des taux, les marchés intégrant aujourd’hui près de deux réductions d’ici décembre. Le dollar américain a reculé pour une quatrième journée consécutive, les taux des bons du Trésor américain ont suivi la même trajectoire, et même les cryptomonnaies ont fortement progressé. L’or et l’argent ont plus ou moins fait du surplace, mais les négociateurs d’actions se positionnent clairement en vue de nouvelles baisses des taux d’intérêt de la part de la Réserve fédérale américaine (la Fed). À suivre : les bénéfices Plus que dix jours avant le début de la saison de publication des résultats du troisième trimestre, et le consensus penche pour une croissance des bénéfices d’environ 6 % pour l’indice S&P 500 (les « Sept Magnifiques » comptant pour l’essentiel de ce résultat, avec une hausse de 14 %).
Même avec Washington qui fait une pause, les marchés boursiers ont à peine bronché, la frénésie autour de l’IA continuant de dominer le discours. Une nouvelle vente secondaire d’actions a porté l’évaluation d’OpenAI à 500 milliards de dollars US, ce qui en fait la société en démarrage à la plus forte valorisation au monde, détrônant à la même occasion SpaceX. Il est difficile de surestimer les répercussions sur les marchés : depuis le lancement de ChatGPT à la fin de 2022, les entreprises liées à l’IA ont généré la plupart des gains du S&P ainsi que l’essentiel de la croissance des bénéfices et 90 % de la hausse des dépenses en capital. Par ailleurs, au vu de la magnitude des investissements nécessaires, les grandes sociétés de technologie ne peuvent plus compter uniquement sur leurs flux de trésorerie organiques. La course est lancée, et il faudra mobiliser des capitaux. Ce qui était au début une impulsion stratégique de dépenses en capital s’est rapidement transformé en une course à la dette, et personne ne veut rester à la traîne.
L’action de Tesla a une fois de plus atteint de nouveaux sommets, après que la société a pulvérisé les prévisions de livraisons pour le troisième trimestre. Celles-ci se sont chiffrées à 497 099 véhicules, dépassant de loin les attentes consensuelles. Les ventes du Model; 3 et du Model Y, qui sont au cœur des activités de l’entreprise, ont de loin dépassé les prévisions. Même les modèles dont le volume de production est moins important ont connu une croissance séquentielle, progressant de 53 % par rapport au trimestre précédent.
Ce trimestre exceptionnel en a surpris plus d’un, surtout après un premier trimestre catastrophique et ce qui semblait être un abandon généralisé de la marque Tesla de la part des consommateurs. L’action de Tesla a progressé de plus de 30 % en un mois, et la fortune d’Elon Musk a atteint 500 milliards de dollars US, une première historique. Bref, un retournement de situation pour le moins inattendu.
Pour ce qui est de l’avenir, avec la paralysie à Washington et peu d’éléments inscrits à l’agenda du Canada, le calendrier des données économiques de la semaine prochaine s’annonce léger, et l’attention des marchés se tournera vers les bénéfices des sociétés. La véritable action se déroulera dans deux semaines, avec le début de la saison des résultats du troisième trimestre, ce qui permettra aux investisseurs de mieux évaluer si cette poussée a encore du souffle.
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