Les marchés ont ignoré les données contradictoires
Cette semaine encore, le marché du travail américain a produit des données contradictoires. Les demandes initiales de prestations de chômage ont chuté, atteignant des niveaux qui n’avaient pas été observés depuis des décennies, en raison de distorsions saisonnières et d’un rebond de l’emploi au sein de l’administration fédérale américaine, après la paralysie budgétaire. En surface, le message est simple. Les entreprises ne mettent pas les gens à pied. Le nombre de personnes qui reçoivent des prestations reste proche de la fourchette observée depuis des mois, ce qui montre que le rythme des licenciements reste assez lent.
Sous la surface, toutefois, la situation est moins rose. Dans le secteur manufacturier, l’emploi a fléchi; les licenciements annoncés ont augmenté par rapport à l’année dernière, et les embauches prévues pour 2025 sont presque à leur plus bas niveau depuis le début des années 2010. Les annonces des grands employeurs au sujet de réductions d’effectif ont recommencé à augmenter. Du côté des petites entreprises, on constate une préoccupation grandissante entourant un ralentissement des ventes, qui est généralement un signe avant-coureur d’une hausse du chômage. On observe donc un curieux mélange de résilience dans les grandes entreprises et de pressions dans les petites. Ce sont ces données du marché de l’emploi que la Réserve fédérale américaine (la Fed) devra interpréter la semaine prochaine, lorsqu’elle annoncera sa décision sur les taux.
Après le repli de novembre, les marchés ont grimpé en flèche, anticipant une baisse des taux. Les secteurs qui étaient à la traîne durant toute l’année ont connu une hausse, et le Russell 2000 (un indice des 2 000 plus petites entreprises cotées) a frôlé un sommet record. Les investisseurs ont tendance à penser qu’il peut y avoir des réductions de taux dans un contexte de stabilité économique plutôt qu’en période de récession. Cette opinion a gagné du terrain sous l’effet d’une rumeur voulant que les partisans d’une politique plus favorable au marché pourraient s’imposer au sein du comité de politique monétaire de la Fed. Que la rumeur soit crédible ou non, le marché a réagi.
Les actions des géants technologiques continuent de bien se comporter, mais, à la différence du début de l’année, où l’IA menait le bal, la progression s’est élargie à d’autres titres. Les banques, l’industrie et d’autres secteurs forts du Canada ont rejoint le mouvement, et la remontée est plus large aujourd’hui que ce qui a été observé depuis cet été. Reste à savoir si cet élargissement de la progression durera ou non. C’est le ton que la Fed adoptera la semaine prochaine qui déterminera jusqu’où cette expansion peut aller.
L’activité manufacturière a encore une fois envoyé des signaux contrastés. Bien que la production continue d’augmenter, les indicateurs de la demande continuent de s’affaiblir. Les nouvelles commandes ont ralenti, les embauches ont fléchi et les stocks invendus ont connu leur plus forte croissance jamais enregistrée. Une telle tendance annonce généralement une baisse de la production.
Les coûts sont repartis à la hausse, en raison des droits de douane et des problèmes logistiques. De nombreuses industries réduisent leurs effectifs, ajustent leurs stratégies d’approvisionnement et retardent les investissements. La confiance s’est légèrement améliorée à la fin de la paralysie budgétaire aux États-Unis, mais elle reste bien en deçà des niveaux observés en début d’année. Le contexte manufacturier ne s’effondre pas, mais nous aurions aimé constater une forte dynamique d’amélioration pour confirmer le rebond économique. Cela dit, les marchés n’ont pas réagi à cela. En fin de compte, les attentes exprimées durant la paralysie budgétaire étaient plutôt faibles.
À surveiller la semaine prochaine : l’annonce de la Fed sur les taux. Devant les données divergentes du marché de l’emploi et le ralentissement de l’activité manufacturière, le marché a besoin de clarté sur l’orientation des taux. C’est la prochaine annonce de la Fed qui déterminera si la progression élargie peut se maintenir jusqu’à la fin de l’année.
Écoutez notre balado le plus récent pour d’autres réflexions.