Les marchés anticipent des baisses de taux au Canada et aux États-Unis
Les marchés se sont montrés particulièrement vigoureux cette semaine, le S&P 500 surpassant son précédent sommet de février. Les banques ont mené le bal au chapitre des gains et les analystes du secteur ont laissé entendre que les actions auront le champ libre, tant qu’il n’y aura pas de récession. La progression a été alimentée par la conviction que la Réserve fédérale américaine (la Fed) commencera bientôt à réduire ses taux d’intérêt. L’affaiblissement des données économiques — y compris une révision à la baisse de la croissance du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis et les dépenses de consommation, qui ont atteint un plancher qui ne s’était pas vu depuis la pandémie de COVID-19 — a renforcé les attentes en faveur d’un assouplissement monétaire, ce qui a incité les investisseurs particuliers à revenir vers les marchés boursiers.
Le marché obligataire a évolué en tandem avec les actions, alors que les taux des titres du Trésor et le dollar américain ont tous deux reculé. Les opérateurs attribuent maintenant une forte probabilité à un scénario dans lequel deux, voire trois, baisses de taux auraient lieu d’ici la fin de l’année, dont une première dès septembre. Cependant, ces attentes contrastent fortement avec la position officielle de la Fed. Près d’une douzaine de représentants de la Fed (incluant le président Jerome Powell) ont répété qu’ils préféraient jouer de prudence et qu’ils fonderaient leurs décisions sur les données. Bien que certains aient laissé entendre qu’un rajustement des taux pourrait avoir lieu à l’automne, leur ton laisse présager une approche beaucoup plus mesurée que ce que les marchés anticipent actuellement.
Au Canada, les perspectives économiques sont plus complexes. La Banque du Canada (BdC) navigue dans un environnement difficile, s’efforçant de composer avec des conditions économiques léthargiques tout en gérant les risques d’inflation induite par les tarifs. L’affaiblissement de l’emploi, une diminution des pressions salariales et une inflation attribuable aux tarifs moins élevée que prévu au printemps justifient de nouvelles baisses des taux. La BdC pourrait procéder à deux autres baisses de 25 points de base (un quart de point de pourcentage) cette année, ce qui porterait le taux directeur à 2,25 %, contre 2,75 % à l’heure actuelle. Une telle conjoncture illustre la difficulté de compenser les effets des tensions commerciales mondiales sur l’économie. Même si la situation est plus favorable dans certaines régions, comme en Alberta qui bénéficie de la croissance de la population et de la vigueur de son secteur énergétique, il est peu probable qu’elle puisse compenser l’ensemble des difficultés économiques, en particulier dans les provinces de l’est, où les tarifs sur l’acier et l’aluminium continuent d’exercer une pression.
Pendant ce temps, les négociations commerciales entre les États-Unis et le Japon s’approchent d’un seuil critique, puisque les tarifs réciproques du président Trump devraient entrer en vigueur le 9 juillet. Le négociateur principal du Japon, Ryosei Akazawa, est attendu à Washington pour poursuivre les discussions, notamment concernant les tarifs imposés sur le secteur automobile, le premier point d’achoppement. M. Akazawa a signalé que les négociations pourraient se prolonger si nécessaire, selon le principe en vertu duquel « rien n’est conclu tant que tout n’est pas convenu », un point de vue partagé par de nombreuses nations.
Pour la suite, le prochain rapport sur l’inflation aux États-Unis sera un élément clé pour déterminer si les attentes du marché sont justifiées ou si c’est la patience de la Fed qui prévaudra en fin de compte. Il existe toujours une nette divergence entre l’optimisme des investisseurs quant à des baisses de taux imminentes aux États-Unis et la patience de la Fed qui attend les données sur lesquelles elle fondera ses décisions.
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