Le marché mondial des montres de luxe est en pleine croissance actuellement et sa valeur devrait passer de 104,21 G$ à 158,19 G$ d’ici 2033. Cette croissance est portée par la forte demande de montres de marques prestigieuses comme Rolex et Patek Philippe, et par la grande popularité des montres intelligentes signées Apple et Samsung. Le marché américain, à lui seul, devrait connaître une hausse marquée. Le marché des montres de luxe d’occasion s’est stabilisé après une période de volatilité. De nouvelles tranches de la population, notamment les membres des générations Y et Z, influencent les tendances en raison de leur intérêt marqué pour l’innovation et l’engagement numérique. De plus, avec l’évolution des préférences esthétiques, nous remarquons une demande croissante pour des modèles rétro, des styles non genrés et des conceptions audacieuses.
En tenant compte de la force de ce marché et du fait que la passion de collectionner des montres se transmet de génération en génération, j’ai décidé de consulter Edouard Caumon, directeur du marché américain à Watchfinder & Co., sur les subtilités du marché des montres, en particulier dans le contexte de la planification successorale.
Edouard Caumon, fort d’une riche expérience au sein de fabricants de montres prestigieux comme Cartier et le groupe Richemont, a souligné le rôle essentiel de Watchfinder dans l’authentification et la remise à neuf des montres de luxe d’occasion. Il a précisé que le marché d’occasion permet aux passionnées et passionnés d’accéder à environ 95 % de toutes les montres produites et qu’il représente, donc, une occasion d’investissement unique. Il est important de souligner que 60 % à 64 % des montres de marques comme Rolex, Patek Philippe et Audemars Piguet se revendent à un prix supérieur à leur prix de détail, ce qui témoigne de leur valeur durable.
Il a aussi été question de l’intérêt croissant des jeunes pour l’art de collectionner les montres, en particulier chez les membres de la génération Z. Edouard a remarqué que ces derniers considèrent de plus en plus les montres comme des placements profitables, allant même parfois jusqu’à les privilégier au détriment d’actifs traditionnels comme l’or ou l’immobilier. Ce virage met en lumière l’importance de bien comprendre le potentiel patrimonial des montres dans le cadre de la planification successorale.
Interrogé sur les pièges courants auxquels font face les collectionneuses et collectionneurs et leurs conseillères et conseillers dans le cadre de la planification successorale, Edouard a insisté sur l’importance de faire authentifier et inspecter les collections, étape cruciale pour préserver leur valeur, afin d’éviter les problèmes liés aux pièces de contrefaçon. Il a notamment raconté l’histoire d’un collectionneur qui a acheté en ligne une montre pour 90 000 $ et qui a découvert par la suite que le mouvement était contrefait. La montre ne valait donc presque plus rien.
Il ne faut pas non plus négliger l’aspect culturel lié à ce passe-temps. Edouard a souligné les grandes différences entre les collectionneuses et collectionneurs nord-américains, asiatiques et européens, qui, notamment, ne voient pas les biens de seconde main et les pratiques d’échange de la même façon. En Amérique du Nord, ils sont plus enclins à échanger leurs montres : c’est-à-dire acheter une montre, puis la revendre pour obtenir un modèle plus rare ou plus prestigieux. En Asie, ils ont toujours eu une préférence pour les montres neuves, mais cette tendance s’essouffle, car les jeunes ne voient pas les choses de la même façon. En Europe, ils conservent généralement leurs montres en vue de les léguer à leurs proches. Ces coutumes différentes mettent en évidence l’importance d’adopter des stratégies successorales adaptées à la culture et à la dynamique de chaque marché.
Les goûts en matière d’accessoires transforment le marché des montres : la popularité croissante des modèles petit format illustre bien le phénomène. Edouard a mentionné quelques exemples hors du commun, comme des montres intégrées à des bagues ou à des boutons de manchette, qui montrent le fort engouement à l’égard de la personnalisation des articles de luxe. Ces tendances complexifient davantage les processus d’évaluation et de planification pour les collectionneuses et collectionneurs qui désirent inclure leurs montres à leur patrimoine.
Cet entretien a mis en lumière le lien complexe entre la valeur financière et la valeur affective associées à la collection de montres et son influence sur les comportements d’achat et la planification successorale. Les montres posséderont toujours une valeur à la fois sentimentale et économique considérable, et pourraient même figurer parmi les placements les plus performants des prochaines années. C’est pourquoi il est important de bien comprendre leur rôle au sein d’un patrimoine. En tenant compte de l’authenticité, des différences culturelles et des tendances du marché, les collectionneuses et collectionneurs peuvent mieux comprendre les enjeux liés à l’inclusion des montres dans leur stratégie successorale.
Traduction d’un article de Matthew F. Erskine publié par Forbes dont la diffusion a été autorisée par DiveMarketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, écrivez à legal@industrydive.com.